Quand un murmure te sauve la vie…

Tu sais cette petite voix,  celle au fond de toi qui murmure à l’arrière de tes pensées.

Cette petite voix, je crois bien qu’elle m’a sauvée la vie.
Il y a 9 mois je postais cette story 👇 sans trop expliquer comment ni pourquoi j’étais là.


Aujourd’hui j’ai envie de te partager ce qu’il c’est passé.

Tout simplement parce qu’on en parle peu et que c’est bien plus courant que ce qu’on ne croit. Et à toutes les femmes, les couples, qui sont passé par là …mon coeur est avec vous 🫶

Début Février

Ces derniers jours ont été douloureux, très douloureux même. J’ai cette sensation qu’un couteau me traverse les poumons, une douleur intenable qui me donne la nausée tellement que c’est fort et surtout qui m’empêche de respirer.

Aucune position ou cri ne semble me soulager, c’est violent et puis… ça s’arrête.

Ça vient dans la nuit surtout, sans prévenir, je me réveille en agonie et puis...ça passe. La première fois ça a duré 5 min, puis 15min, 1h, 2h.. mais cette fois ça dure 5h. 5h de douleur violente, incessante, je sens que la douleur se diffuse du poumon jusqu’à mes ovaires.

Après un passage raté aux urgences, on m’envoie chez le médecin qui me garde 2h, il est inquiet, il ne veut pas me laisser partir, il me fait tout les tests possible avec le matériel qu’il a mais après 2h sans rien trouvé, je repars simplement avec le numéro d’un hôpital à la main et son regard inquiet.

Et depuis, je n’ai plus aucune douleur, du tout. Je me sens bien, très bien même. Je retrouve de l’énergie, je fais du sport, je sais pas ce que c’était mais tout va bien maintenant. Enfin je croyais …

2 jours plus tard …

Je me réveille et la première chose que j’entends c’est :

« Vas à l’hôpital aujourd’hui, ce matin, à la première heure»

-t’es sure ?

Un murmure me dit … “oui”

un “oui” tout doux mais un “oui” très certain. Je connais cette voix douce, cette voix de l’intuition… J’aurais envie de l’ignorer parce que je me sens bien mais aujourd’hui je choisis de l’écouter.

Cette petite voix me dit d’y aller, alors on y va.

«  je suis sûre que c’est rien mais au moins j’aurais l’esprit tranquille et puis avec un peu de chance dans deux heures c’est plié et j’irais à la plage »

Je me sens bizarrement très très calme, je prends le temps de boire un café, « cool il fait beau, y a pas de vent, c’est parfait pour la plage » je fais mon sac pour la plage, maillot de bain, un livre, mon chargeur, uber et je me dirige vers l’hôpital que le médecin m’a conseillé ..

Pour un peu de contexte, toute cette histoire se passe en Afrique du Sud. Je suis à des kilomètres de ma famille, de mes amis et de mon copain et puis, je ne connais absolument rien du système médical ici.


À l’hôpital

« no gun allowed in the hospital » en gros sur la porte d’entrée .. Jusque là …c’est plutôt rassurant non ? bref J’y vais, toujours très confiante que dans deux heures je suis ressortie.

« Trois personnes devant moi ça devrait pas prendre longtemps. »

« Eish » comme il disent ici. (traduis par un bon “Oh putain”) je regarde cette femme qui se tiens la poitrine en état de shock, elle tremble de la tête au pied et quand elle retire sa main un instant je vois l’endroit où la balle est passée.  WHAT THE F…

J’avoue qu’à ce moment là je me sens vraiment con d’être là. “Je suis aux urgences alors que Je me sens bien, j’ai plus de douleurs, j’avais mal aux côtes mais là franchement ça va vraiment bien, alors qu’elle, elle vient de se prendre un balle dans la poitrine en fait… euh Aurélie. Les urgences c’est peut être un peu drama queen je pense là ? »

C’est mon tour.

Il faut savoir qu’à partir d’ici, chaque phrase va ressembler à : “T’as besoin de … ,ca va faire …€ , est ce que tu peux payer?”

En premier, je vois l’infirmier, qui commence une série de test et me demande de faire pipi dans .. une boîte d’œufs ...  Je le regarde intrigué «t’es sur là ?» il rigole : oui oui . Ok si tu le dis…Et puis d’autre tests et encore des tests. Et deux heures plus tard, je sais pas pourquoi, mais je suis encore là… à attendre

Peut être que la plage c’est pas pour aujourd’hui finalement…

Je ne sais même pas pourquoi j’attends … les résultats? je vais voir quelqu’un d’autre? Un médecin ? Un Scan ? j’en sais rien et j’avoue que j’ai même pas demandé. J’attends juste là en silence, pas de podcast, pas de musique, pas de lecture alors que je suis venue préparée mais là tout de suite, j’ai juste besoin de silence. Plus j’attends et plus je me demande

“Et si c’était pas rien en fait, ça voudrait dire que …?”

“ Ok miss bou, You see the doctor now”

Depuis petite, j’ai appris à lire les visages, ressentir les personnes qui m’entourent et détecter le vrai du faux entre les mots. Malgré les mots rassurants du médecin qui me répète en boucle ‘peut être que c’est rien, il ce peut que ce soit rien..” Le regard paniqué du médecin est trahis par ses propres mots, je commence à pleurer. Je me met à pleurer parce que je comprends, que je ne garderai pas mon bébé.

Quelques semaines plus tôt, j’apprenais que j’étais enceinte, une nouvelle qui peu importe où tu en es dans ta vie, va te secouer et retourner ton petit monde…Mais ce bébé, on voulait le garder.

Après une nouvelle série de test, avec le médecin cette fois, il en conclu que “ pour l’instant rien n’est sûr, il faut que tu vois une gynéco” Pourtant sur sa tête, il avait l’air très très sûr . Ce qu’il voulait vraiment dire je pense c’est “ ce sera à la gynéco de te l’annoncer”

Une infirmière me demande gentiment de m’assoir, de patienter, mes fesses n’ont pas eu le temps de toucher le fauteuil qu’une autre infirmière arrive :

are you crazyy, NO, she is going now , there is no waiting”

(“t’es folle, non, elle doit y aller maintenant, y a pas d’attente possible là”)

Elle m’attrape par le bras et m’amène au galop, moi je comprends rien et j’ai peur. En deux temps trois mouvements je suis chez la gynéco, les pattes en l’air, l’échographie commence

[Heart beat in the background]

“you are doing an ectopic pregnancy, that’s not good” Je traduis : “tu fais une grossesse extra utérine, c’est pas bon du tout.”

Pour expliquer très rapidement ce qu’est une grossesse extra utérine, en gros ça veut dire que le fœtus, le bébé, ne grandit pas là ou il faudrait (‘l’utérus ) et qu’il est resté “bloqué” dans une trompe.

Deux choses importantes à savoir dans ce cas :

1-  il est impossible sauver le bébé puisqu’il ne peut simplement pas se développer dans les trompes

2 - c’est hyper dangereux pour la mère parce que le risque est que la trompe ‘se fissure’ et que la mère fasse une hémorragie interne et parfois, souvent même, la vie de la mère se joue à quelques minutes seulement…mais ça, moi j’en savais rien …

Les deux heures qui ont suivies ont manquaient cruellement d’humanité.

Non pas parce que je suis tombé sur des “mauvaises personnes” , ils essayaient simplement de me sauver la vie, mais pour ça, fallait se dépêcher. Tout le monde, à part moi, réalise la gravité et l’urgence des choses.

Moi tout ce que je veux, c’est, appeler mon copain pour lui partager la nouvelle et avoir un moment seule pour la digérer.

Jusque là, Personne ne sait que je suis à l’hôpital à part mon copain, mais lui, en ce moment est à des kilomètres, puisqu’il travaille à l’étranger. J’ai peur, je me sens seule et je suis surtout très triste de la nouvelle, je me sens tirailler de tout les côtés, moi, tout ce que je veux, c’est un moment pour moi, pour appeler mon copain et surtout pour pleurer en paix.

Eux, ils veulent prendre mon sang, que je paies, prendre ma tension, que je paies, me faire cette piqure, que je paies, il y a du sang partout parce qu’elle y va comme une bouchère ,on s’en fou, la vrai question c’est est-ce que tu vas pouvoir payer l’opération maintenant? Pendant que tout ça se passe je suis aussi au téléphone avec mon assurance, à jongler entre deux langues, trois personnes autour de moi qui me demandent sans cesse ‘qu’est ce que dit ton assurance, il faut que t’y aille maintenant, dépêche-toi …. Il faut que tu y ailles maintenant mais si tu ne payes pas on ne peux rien faire pour toi“ et puis on m’enfonce le truc dans le bras , une autre piqure  et ton assurance qu’est qu’elle te dit?

Comme si mon assurance allait me transférer une grosse somme sans poser aucune question…

Tout le monde autour de moi s’agite, je comprends rien à ce qui se passe, on me harcèle pour que je me dépêche sinon je vais mourir et je n’ai toujours pas pu appeler mon copain… Je commence a plus pouvoir respirer, l’anxiété prends le dessus, je panique parce que tout va trop vite, trop de question, trop de tout … j’arrive enfin à avoir mon copain au téléphone mais le médecin me prends illico presto le téléphone des mains pour lui expliquer ce qui se passe et… très impatient parce que mon assurance n’a pas encore fait le virement … et sans le virement on ne peut pas réserver la salle d’opération…

J’entends mon copain qui dit

“Ok je comprends qu’on ne pourra pas garder le bébé mais est ce qu’on peut attendre demain pour l’opération que tout rentre dans l’ordre avec l’assurance ?”

je sens la crise panique monter et le médecin qui réponds

“Tu comprends pas, c’est une question de vie ou de mort pour elle”

Je tremble, j’essaye d’écouter le reste de la conversation mais on me pose un milliard de question à la fois, la réceptionniste, des infirmières et d’autres personnes qui  débarquent au fur et à mesure. Je sens que je suis en pleine crise de panique, j’arrive plus respirer, mais tout le monde s’en fou, il veulent juste que j’arrête de pleurer et que je règle cette histoire d’assurance .. vite.

Je ne peux évidemment pas leur en vouloir puisque si je suis encore en vie aujourd’hui c’est bien grâce à toutes ces personnes mais c’est deux heures ont été les plus longues de ma vie. J’avais tellement peur, je comprenais rien à ce qui se passait, on ne répondait pas à mes questions, on m’enfonçais des trucs dans le corps en me disant que j’allais mourir si mon assurance se dépêchait pas.

Bref. On m’enfonce encore un truc dans le bras, y’a du sang partout, elle m’a vraiment fait mal pendant qu’une autre me pose mille questions… Et là, c’est trop. Je craque. Pas digne d’une prof de yoga, je me mets à hurler et j’exige qu’on me rende mon téléphone et surtout je leur demande de partir.

Ils m’ont laissé tranquille deux minutes, j’ai pu parlé à mon copain et retrouver ma respiration. On règle cette histoire de paiement, le bloc est réservé. J’ai enfin quelques minutes de paix.

L’anesthésiste arrive, lui, il est gentil, il a un regard doux, il me parle calmement, un poil inquiet… En chemin vers le bloc, il me suit et m’explique ce qu’il va faire, moi je le regarde juste comme un poisson sorti de l’eau depuis trop longtemps

“Euh..  tu comprends ce que je dis ? “ je fait oui de la tête, il continue perplexe, je vois son regard doux et gentil mais très inquiet il regarde ses collègues et dit “ je crois qu’elle ne comprends pas l’anglais, elle a pas l’air de comprendre ce que je dis, il faudrait que quelqu’un traduise” je lui fait signe comme je peux que si, je comprends, il me croit pas trop mais il continue… Ce que je ne pouvais pas lui expliquer c’est que là, Moi, là, j’étais dans ce qu’on appelle le mode “freeze” ou “L’état d’immobilisation”. C’est quand le système nerveux lâche complet et que tu ne peux plus réagir, parler ou même bouger. T’es complètement numb . Un légume.

Et là, Je suis en plein dedans.

En arrivant au bloc je me souviens juste prier, appeler et demander à mes ancêtres, mes guides et mes anges de veiller sur moi, de me protéger et faire en sorte que cette opération se passe au mieux.

Peu à peu, Je vois, Je sens, non pas une présence, mais une foule entière autour de moi, une armée de gardiens qui m’entourent et me murmurent que tout va bien se passait …Je sens une vague de soulagement qui s’installe dans tout mon corps, je sens leur présence tellement fort, ça me rassure. Je les sens, je me vois entourée, soutenue, je sais désormais que je suis entre de bonnes mains.

L’anesthésie commence …

La tête lourde , je pars …

Tu sais parfois tu tombes sur des gens qui savent exactement quoi dire et au bon moment ? Ben lui c’était complètement ça.

J’ai l’impression de me réveiller en pleine opération , je me sens tenue par beaucoup de mains, sur ma tête, mes épaules et mes bras , j’entends plein de voix différentes, je suis là mais pas trop là. C’est le réveil. Je suis juste à l’ouest complet mais quand même bien assez là pour me souvenir de sa première phrase

“ Aurélie tu peux te réveiller, tout c’est bien passé, saches qu’il n’y a rien que tu aurais pu faire pour éviter ça et surtout saches que ce n’est pas de ta faute.”

je fonds en larmes, c’est la première phrase rassurante que j’entends depuis que je suis arrivée dans cet hôpital et surtout, c’est exactement ce que j’avais besoin d’entendre… Que ce n’était pas de ma faute et que je n’aurais rien pu faire pour éviter ça.

Mr l’anesthesist, merci ♥️

Je pense que c’est inévitable quand tu perds un bébé, de te sentir coupable. (même un tout petit peu) Forcément que tu te poses des questions, tu te demandes si c’est de ta faute.

Qu’est ce que j’aurais pu faire pour éviter ça?

Et si j’avais fait comme ça peut être que..?

la liste des “si” peut être longue et je suis certaine que chaque femme qui est passé par là, sait de quoi je parle.

Alors c’est pour ça que j’ai envie de mettre en lumière ce moment, cette phrase qui ne parait rien mais qui a apaisé beaucoup en moi. Si toi aussi tu es passé par là et que personne n’a pris le temps de te le dire, alors répète ces mots et laisse les résonner en toi  :

“Saches qu’il n’y a rien que tu aurais pu faire pour éviter ça et surtout saches que ce n’est pas de ta faute”

Jusque là je n’en sais pas plus sur mon état, je retourne dans ma chambre, complètement shooté, je m’endors.

Pour moi à ce stade là tout ce que je sais, c’est que l’on a retiré le foetus et que tout c’est bien passé. Comme je le dit au début, j’ai eu beaucoup de douleurs dans la poitrine mais le jour où je suis arrivée à l’hôpital je me sentais bien, genre vraiment bien. Loin de moi l’idée que ma vie pouvait être en danger… et pourtant, l’hémorragie avait déjà bien commencée…

Quand je me réveille la chirurgienne est assise au bout du lit, une autre dame est là assise aussi. Je sais pas qui c’est mais il doit bien y avoir une bonne raison pour qu’elle soit là. Bref . Elle me regarde et dit :

“c’est vraiment en toute humilité que je vais dire ça, genre vraiment, mais on viens juste de te sauver la vie”

Boom .

Elle m’explique qu’ils ont dû retirer ma trompe, qu’elle avait “rompue” et que l’hémorragie interne avait déjà bien commencé. Elle m’explique qu’ils ont du m’ouvrir plus grand pour nettoyer tout le sang. Elle insiste, encore et encore, sur la chance que j’ai eu de ne pas finir en soin intensif étant donné l’état dans lequel j’étais. Elle soupçonne ma trompe d’être rompue depuis deux jours déjà et me dit que c’est un miracle que je sois encore là.

Ce miracle, c’est mon armée *wink wink*

J’apprécie pas toujours ma vie, ni la chance que j’ai. je me plains bien trop, je rumine, je ressasse…Accepter quelque chose qui c’est pas passer comme je voulais …c’est pas mon fort non plus. J’ai tendance à choisir la position de la victime plutôt que d’aller de l’avant.

Mais cette fois, c’est différent. J’ai pas envie d’être une victime.

Je me sens forte, chanceuse, indestructible et imperméable à la négativité. Et si tu me connais, là on est sur un petit miracle 2.0

J’ai la sensation d’avoir vécu milles vies différentes mais il y a encore mille trucs que je veux vivre et accomplir dans cette vie. Et de savoir que je suis encore là, ça me donne une petite saveur de deuxième chance.

A chaque piqûre, je me répète que j’ai trop de chance d’être là, en bonne santé. Pour moi, dans un mois cette histoire c’est terminé, pour certaines personnes c’est leur quotidien.

A chaque douleurs, je me répète la chance que j’ai d’être là, en bonne santé, j’ai tellement de chance d’avoir un corps fort qui va vite récupérer. Pour moi c’est temporaire, pour certaines personnes c’est leur quotidien.

Je ressens tellement de compassion et de peine pour les personnes qui vivent ça au quotidien, la douleur, les piqures, les hôpitaux, ne pas pouvoir bouger ..Que c’est impossible pour moi à ce moment là de penser comme une victime. Moi c’est temporaire, c’est un passage, dans un mois c’est fini.

*en boucle et en boucle *

J’ai rarement eu un mental aussi fort qu’en ce moment, même si, parfois, -ok - , souvent, les larmes inondent mon visage et mon coeur tout serré de peine me fait mal à la poitrine, je ne me sens pas victime.

Je sais au fond de moi que j’ai besoin de passer par çà, c’est ancrer en moi comme une pure et légère vérité, je dois vivre ça.

Je reçois une tonne de message, tous remplis d’amour et de soutien. Beaucoup sont alimentés par des “ c’est la pire chose” “ca doit être trop dur” et je n’ai rien contre ces messages puisqu’ils partent d’un bon sentiment, mais là, en ce moment, mon mental est en mode guerrière, rien ne peux m’atteindre et quand je lis ça je me dit

“ben non en fait, c’est pas grave, Je suis en vie. J’aurais pu ne plus être là. Dans la liste du pire on a quand même éviter le pire.”

Mode guerrière indestructible activé.

Malgré la tristesse et le deuil à faire, je me sens heureuse d’être encore là. Et ça me fait bizarre d’arriver à dire ça. Habituellement, quand il y a un truc triste dans ma vie, je ne m’autorise pas à être heureuse aussi.

Mais

On a le droit d’être triste, le coeur brisé et d’être heureux quand même.

Et puis, dans toute cette peine, il y a eu aussi beaucoup de magie. Coté famille, pour moi, quelque chose de beau c’est débloqué, je ne suis pas la seule personne concernée donc je ne donnerais pas d’explications précises mais je dirais juste que certaines choses que j’avais besoin d’entendre depuis longtemps ont fait surface et le soutien que j’ai reçu de la part de ma famille m’a touché en plein coeur. Je ne m’attendais pas à ça, ni à ces révélations… et juste pour ça, je crois que ça en valait la peine.

Pendant mon séjour à l’hôpital, j’ai reçu une vague d’amour et de soutien de la part d’étrangers qui ont croisé mon chemin et je tiens à leur faire honneur :

❤︎ À la serveuse du café qui a lâché son plateau pour venir me prendre dans les bras

❤︎ À la dame qui venait voir son père et m’a trouvé dans les couloirs à lutter pour faire un autre pas, qui m’a accompagnée, ramenée, puis qui venait chaque jour prendre de mes nouvelles, le temps d’un petit sourire par la porte ou d’une conversation plus longue

❤︎ À mes voisines de chambre qui, aussi sourdes l’une que l’autre, m’ont bien fait rire.

❤︎ À cette voisine de chambre qui m’a offert une fleur du bouquet que lui avait amené ses filles en me disant qu’elle comprenait ma peine.

❤︎ À l’infirmière de la matmut qui m’appelait daily pour s’assurer que tout aille bien, me rassurais et m’écoutais.

❤︎ Et le dernier, j’ai besoin de vous donner un peu de contexte, la semaine de mon opération, j’avais rendez-vous chez un Chiropracteur spécialisé pour les femmes enceintes, pour les douleurs à la poitrine justement. Après l’opération, j’annule le rendez-vous et le lendemain ils me rappellent. Je ne les ai jamais vu, jamais parlé mis a part pour dire que j’annulais le rendez-vous mais ils m’ont appelé pour s’assurer que j’aille bien, savoir si l’opération c’est bien passé et m’apporter leur soutien. Et ça, crois-moi, ça m’a fait chialer comme un bébé.

l’Après

Ça fait 9 mois maintenant et j’aimerais pouvoir te dire que je suis guéris mais si je suis réellement honnête, je ne sais pas. J’aimerais bien de te faire croire que je suis restée cette Wonder Woman, guerrière invincible face à toutes épreuves  et que cette saveur de deuxième chance guide désormais toutes mes journées mais non, ce n’est pas la vérité, car les mois qui ont suivis ont été bercés de haut et de bas, très bas même.

Le “dans un mois pour moi c’est fini”, n’était qu’illusion, fantaisie.

La réalité ?

Des mois de douleur et d’inconfort.

Au début Bouger était une vrai torture, porter du poids impossible et éternuer … Oh MY GOD …J’ai passé une longue, très longue, période où le moindre étirement, me faisait chialer, pas pleurer, chialer. C’était incontrôlable, imprévisible et profondément désarmant.Je ne pensais pas avoir de deuil à faire, mais je crois que ces larmes me rappellent que si. Je ne supportais plus aucun vêtements sur ma peau. Le legging était devenu mon pire ennemi, les culottes aussi et neuf mois plus tard c’est encore le cas. Ce qui me faisait du bien auparavant (le mouvement) est devenu ce que je redoutais le plus.

Mon corps a changé, mes sensations aussi.

Ces derniers mois m’ont challengés plus que jamais..

Une succession d’évènements, extérieur à celui-ci, ont fait aussi que La guerrière, peu à peu, s’est effondrée…J’ai accumulé, accumulé jusqu’à que tout mon corps lâche et me rappelle qu’il était temps de me poser et d’aller regarder réellement ce qui se passait à l’intérieur et de remettre mes pratiques au centre de mes priorités, avant toute chose. J’ai passé une longue période, très longue, sans force, sans énergie, sans me reconnaître.

Wonder Woman a du faire son deuil, ressentir sa tristesse -réellement-, accepter un nouveau corps, avec ses nouvelles limites et sensations, l’inconfort qui va avec aussi, elle a appris the hard way à lâcher prise sur les tempêtes de la vie et la patience, oh la patience …, à accueillir une nouvelle image dans le miroir aussi, qu’elle a encore du mal à regarder aujourd’hui…

Mais jour après jour, un pas après l’autre…elle y arrive.

7 octobre 2025

J’écris ces derniers mots à la sortie d’un cours de Yoga, le premier cours où je sens mon corps revenir doucement à sa place. Aujourd’hui, pour la première fois en 9 mois j’ai pu m’étirer avec aisance, j’ai senti et pu engager mes abdos et respirer pleinement dans mon ventre sans sentir les larmes montées. Les larmes montent en écrivant ses mots parce que je n’y croyais plus.

9 mois à me sentir désemparée face à mon nouveau corps qui ne voulait pas lâcher, face à moi qui résistais.. ce corps qui gardait précieusement les mots qui ne voulaient pas sortir, pas tourner la page. 9 mois, est-ce un hasard? Je ne pense pas.

Demain, le 8 octobre fera exactement 9 mois jour pour jour depuis l’opération. Aujourd’hui je ressens mon corps, sans gêne, sans inconfort, sans douleur. Je ne sais pas de quoi sera fait demain mais une chose est sûre, aujourd’hui est une journée à célébrer, j’ai envie de pleurer de joie et de célébrer mon corps pour ce qu’il a enduré.

Une trompe partie, un foetus libéré et many many lessons apprises.

Je me remercie d’avoir malgré l’inconfort, continué à revenir sur mon tapis, malgré la peine, à revenir en moi et ressentir ce qui s’y passe, encore et encore et encore. Je me remercie de ne pas avoir abandonné malgré la difficulté et le manque de résultat jusque là. Je remercie mes pratiques qui m’ont permis d’arriver ici aussi et chaque personnes qui m’a soutenue, aimé, à celles et ceux qui m’ont sauvé la vie, à ma mère et ma cousine qui ont sauté dans le premier avion pour venir prendre soin de moi et pour finir, je remercie cette petite voix au fond de moi qui m’a guidée, portée, et sauvée.

Et pour mon armée *wink wink*

J’envoie mon amour profond et sincère à vous toutes les femmes, les couples, qui endurent des grossesses difficiles, des accouchements compliqués, qui on pu, ou non, garder leur bébé, mon coeur est avec vous ♥️

Si le coeur t‘en dit, et que tu souhaites à ton tour partager ton histoire, je t’invite à laisser un commentaire un peu plus bas ↓ …Plus on est, moins on se sent seule ❤︎

Bisous tout plein,

✦ Aurélie

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